C’est décidé, le 1er décembre 2011 je le nomme ainsi : le LIVRE Quantique.
Selon comment on regarde, on voit un auteur qui a écrit un livre original, multimédia, transmédia, avec du texte, des photos, du son, de la vidéo, du site web, etc. mais on peut aussi se placer dans le regard où l’auteur disparait, il s’agit seulement de la capture d’une tranche de vie, il n’y a plus division, séparation entre l’auteur et l’œuvre, l’auteur devient fondu dans l’œuvre, c’est l’œuvre en train d’être vécue par l’auteur.
En cela ce livre est quantique, il a tenu compte, à tout moment, de cette conscience de capturer du vivant, et de faire de ce livre une œuvre vivante, inscrite à même la vie par des jalons laissés tout au long du parcours.
Ce livre a l’architecture d’un rayon, car ce qui a été capturé dans le temps, a capturé une évolution, qui est revisitable sur un mode tout a fait énergétique, comme des plans vibratoires qui vont du lourd vers le subtil. La trajectoire du lourd au subtil est l’architecture du livre.
Il fallait bien évidemment à ce LIVRE des modes d’édition et de diffusion bien différents que ceux habituels. Le numérique, les réseaux émergeants, les usages de l’Internet, tout cela a participé à l’élaboration de production et de diffusion d’éléments partageables, et ce, depuis 2005, date d’apparition de la mise en ligne du site web www.anneastier.com.
Longtemps, le LIVRE a été créé et publié en un exemplaire unique, comme une volonté délibérée de créer un sillon unique, un cheminement qui devait emprunter une résonance unique dans sa forme matérialisée (en l’occurrence, une édition papier à la photocopieuse pour les images et le texte imprimé après coup à l’ordinateur), un continuum d’une 50aine de volumes. J’avais conscience que la partie la plus importante du LIVRE était encore non matérialisée, qu’une forme vibratoire plus subtile existait dans l’invisible, étroitement associée à cette édition papier unique qui s’apparentait à un livre d’artiste. Il en résultait que cette manifestation du LIVRE dans l’invisible m’apparaissait comme une ouverture de canaux dans l’univers, c'est-à-dire dans le non manifesté, afin que quelque chose d’important soit initié, non pas pour mon bénéfice personnel et immédiat, mais comme des ouvertures de possibles dont tous pourraient bénéficier, plus tard. Les choses sont d’abord ouvertes dans l’invisible, avant que de nous apparaître comme possibles, comme réalisés et partageables aux yeux de tous.
En faisant cela, c’est comme si en réalité le LIVRE avait bel et bien été publié, mais dans une forme qui m’échappait totalement, une publication à même l’univers, sous forme de canaux subtils, identifiables grâce à ma signature vibratoire subtile, qui faisait que cette œuvre était bien mon œuvre, sans pour autant se manifester sous forme de publication concrète, avec un éditeur, des droits d’auteur, etc.
Je sentais que cette autre forme de publication, sous forme vibratoire et universelle, n’était pas à effet immédiat, mais serait comme des graines semées pour plus tard.
Il a fallu effectivement longtemps cheminer, sur un plan personnel et artistique, mais aussi sur un plan collectif. L’émergence des réseaux sociaux, puis la naissance de l’édition numérique, commencent à donner un cadre approchant pour ce que j’avais perçu alors. Cela me semble le début d’une aventure possible, dans un partage visible. Et ce qui m’apparaissait comme secrètement possible, m’apparaît aujourd’hui tout à fait envisageable, à savoir qu’un jour l’évolution des consciences et de la manifestation des choses sera telle que le LIVRE sera visible, dans cette forme quantique publiée à même la texture subtile de l’univers, depuis sa création même.
En 2007, j’ai eu l’occasion de commencer à pratiquer des expositions en univers virtuels. J’y ai découvert des applications très importantes quant à la notion d’architecture liée intrinsèquement à l’exposition même. Les architectures que l’on peut manifester en univers virtuels offrent bien plus de liberté quant au rapport à la matière. Notamment, l’utilisation du ciel, ou de structures gigantesques, proposant des cheminements aériens, ont constitué le maillon manquant entre la forme du livre telle que je pouvais la connaître, et ces sortes de livres à cheminements subtils qui offraient pour pages des salles, des chemins à emprunter à pied ou en se téléportant. Etablissant ainsi des passerelles entre les cheminements parcourus par le visiteur, et le cheminement intérieur que l’exposition lui faisait accomplir en vrai. Il me plaisait de prendre un visiteur à un endroit de lui-même, et de l’amener ailleurs, à un endroit que j’avais choisi et dont le passage s’accomplissait par les mots, les images, les sons, les architectures.
Il me semble qu’un jour, nous nous promènerons dans des espaces qui seront d’une autre nature encore, non plus numérique comme c’est le cas pour les mondes virtuels, mais d’une texture que j’ai pu qualifier un jour de «nouveaux territoires quantiques hologrammiques». Je perçois qu’ils existent et n’attendent que nous, que notre transformation individuelle et collective, pour se rendre appréhensibles par notre perception.
Alors, de nouvelles portes nous seront ouvertes encore quant à la nature de la création, et les supports de partage, de monstration et d’édition.
Nous serons sans doute capables de créer à partir de notre corps lui-même, et c’est la texture universelle qui servira de support à nos créations, tout sera édité instantanément par l’univers lui-même.
Ma perception de cela remonte à 1994 où j’ai conçu « la transmission alphaposte » comme mode de lecture d’une œuvre qui aurait été déposée à même le Réseau-Vie, et dont une connexion par la conscience à ce Réseau, suffirait au destinataire pour décoder des banques de données passées, présentes et futures, individuelles et collectives, ainsi qu’une donnée supplémentaire et capitale : la compréhension du sens profond de l’assemblage de toutes ces données.