Lorenzo Soccavo, chercheur indépendant en prospective du livre et de l'édition, avait été invité pour parler des nouveaux processus de lecture via les mondes immersifs, notamment opensim et la plateforme 3D francogrid
En évoquant MetaLectures, le projet qu'il y développe depuis début 2012, il cite les 3 labos de recherche : MetaLire (avec Jenny Bihouise), Tice Primaire (avec Michèle Dreschler), Synesthéorie (avec Vincent Mignerot), et l'espace Anne Astier - Livre quantique, dont la conférence "de la narration linéaire à la narration multidimensionnelle - introduction au Livre Quantique" avait fait l'ouverture du lieu en février 2012
C’est décidé, le 1er décembre 2011 je le nomme ainsi : le LIVRE Quantique.
Selon comment on regarde, on voit un auteur qui a écrit un livre original, multimédia, transmédia, avec du texte, des photos, du son, de la vidéo, du site web, etc. mais on peut aussi se placer dans le regard où l’auteur disparait, il s’agit seulement de la capture d’une tranche de vie, il n’y a plus division, séparation entre l’auteur et l’œuvre, l’auteur devient fondu dans l’œuvre, c’est l’œuvre en train d’être vécue par l’auteur.
En cela ce livre est quantique, il a tenu compte, à tout
moment, de cette conscience de capturer du vivant, et de faire de ce livre une
œuvre vivante, inscrite à même la vie par des jalons laissés tout au long du
parcours.
Ce livre a l’architecture d’un rayon, car ce qui a été
capturé dans le temps, a capturé une évolution, qui est revisitable sur un mode
tout a fait énergétique, comme des plans vibratoires qui vont du lourd vers le
subtil. La trajectoire du lourd au subtil est l’architecture du livre.
Il fallait bien évidemment à ce LIVRE des modes d’édition et
de diffusion bien différents que ceux habituels. Le numérique, les réseaux
émergeants, les usages de l’Internet, tout cela a participé à l’élaboration de
production et de diffusion d’éléments partageables, et ce, depuis 2005, date
d’apparition de la mise en ligne du site web www.anneastier.com.
Longtemps, le LIVRE a été créé et publié en un exemplaire
unique, comme une volonté délibérée de créer un sillon unique, un cheminement
qui devait emprunter une résonnance unique dans sa forme matérialisée (en
l’occurrence, une édition papier à la photocopieuse pour les images et le texte
imprimé après coup à l’ordinateur). J’avais conscience que la partie la plus
importante du LIVRE était encore non matérialisée, qu’une forme vibratoire plus
subtile existait dans l’invisible, étroitement associée à cette édition papier
unique qui s’apparentait à un livre d’artiste. Il en résultait que cette
manifestation du LIVRE dans l’invisible m’apparaissait comme une ouverture de
canaux, dans l’univers, c'est-à-dire dans le non manifesté, afin que quelque
chose d’important soit initié, non pas pour mon bénéfice personnel et immédiat,
mais comme des ouvertures de possibles dont tous pourraient bénéficier, plus
tard. Les choses sont d’abord ouvertes dans l’invisible, avant que de nous
apparaître comme possibles, comme réalisés et partageables aux yeux de tous.
En faisant cela, c’est comme si en réalité le LIVRE avait bel
et bien été publié, mais dans une forme qui m’échappait totalement, une
publication à même l’univers, sous forme de canaux subtils, identifiables grâce
à ma signature vibratoire subtile, qui faisait que cette œuvre était bien mon
œuvre, sans pour autant se manifester sous forme de publication concrète, avec un
éditeur, des droits d’auteur, etc.
Je sentais que cette autre forme de publication, sous forme
vibratoire et universelle, n’était pas à effet immédiat, mais serait comme des
graines semées pour plus tard.
Il a fallu effectivement longtemps cheminer, sur un plan
personnel et artistique, mais aussi sur un plan collectif. L’émergence des
réseaux sociaux, puis la naissance de l’édition numérique, commencent à donner
un cadre approchant pour ce que j’avais perçu alors. Cela me semble le début d’une
aventure possible, dans un partage visible. Et ce qui m’apparaissait comme secrètement
possible, m’apparaît aujourd’hui tout à fait envisageable, à savoir qu’un jour l’évolution
des consciences et de la manifestation des choses sera telle que le LIVRE sera
visible, dans cette forme quantique publiée à même la texture subtile de l’univers,
depuis sa création même.
En 2007, j’ai eu l’occasion de commencer à pratiquer des
expositions en univers virtuels. J’y ai découvert des applications très importantes
quant à la notion d’architecture liée intrinsèquement à l’exposition même. Les
architectures que l’on peut manifester en univers virtuels offrent bien plus de
liberté quant au rapport à la matière. Notamment, l’utilisation du ciel, ou de
structures gigantesques, proposant des sortes de cheminements aériens, ont
constitué le maillon manquant entre la forme du livre telle que je pouvais la
connaître, et ces sortes de livres à cheminements subtils qui offraient pour
pages des salles, des chemins à emprunter à pied ou en se téléportant.
Etablissant ainsi des passerelles entre les cheminements parcourus par le
visiteur, et le cheminement intérieur que l’exposition lui faisait accomplir en
vrai. Il me plaisait de prendre un visiteur à un endroit de lui-même, et de
l’amener ailleurs, à un endroit que j’avais choisi et dont le passage
s’accomplissait par les mots, les images, les sons, les architectures.
Il me semble qu’un jour, nous nous promènerons dans des
espaces qui seront d’une autre nature encore, non plus numérique comme c’est le
cas pour les mondes virtuels, mais d’une texture que j’ai pu qualifier un jour
de quantique et hologrammique. Je
ressens que ces « nouveaux territoires quantiques hologrammiques »
existent mais n’attendent que nous, que notre transformation individuelle et
collective, pour se rendre appréhensibles par notre perception.
Alors, de nouvelles portes nous seront ouvertes encore quant
à la nature de la création, et les supports de partage, de monstration et
d’édition.
Nous serons sans doute capables de créer à partir de notre
corps lui-même, et c’est la texture universelle qui servira de support à nos
créations, tout sera édité instantanément par l’univers lui-même.
Ma perception de cela remonte à 1994 où j’ai conçu « la
transmission alphaposte » comme mode de lecture d’une œuvre qui
aurait été déposée à même le Réseau-Vie, et dont une connexion par la
conscience à ce Réseau, suffirait au destinataire pour décoder des banques de
données passées, présentes et futures, individuelles et collectives, ainsi
qu’une donnée supplémentaire et capitale : la compréhension du sens profond de
l’assemblage de toutes ces données.